16.4.06

Le tapis rouge de Lavanya Sankaran

Puisqu’on est une revue de nouvelles, j’ai décidé de lire des nouvelles. Celles de Lavanya Sankaran (publiées par Mercure de France) se passent à Bangalore et racontent l’éternelle tension entre l’Inde moderne et l’Inde traditionnelle, sujet inépuisable, je vous assure, et pourtant j’en lis beaucoup de la littérature indienne ! Pourquoi Ramu décide de se marier le jour où il découvre que cette jeune-femme un peu snob de Bombay a fait un don d’organe, pourquoi, vingt-cinq ans après, une femme aisée de Bengalore continue à haïr Mary, la Baby-amma qui l’a élevée ; comment l’école transforme les petites Indiennes en petites Anglaises, dont le fantasme le plus fou est de manger de la tourte au bœuf et aux rognons… Sans avoir l’air d’y toucher, toutes ces nouvelles racontent le carcan, tel qu’il se perpétue et se recrée, la violence incroyable des relations sociales, avec une subtilité que seule permet la littérature. Car qui de l’Inde moderne ou de l’Inde traditionnelle génère moins de violence ? C’est difficile à dire et souvent, un paragraphe, un seul, au milieu du texte ou à la fin, éclaire d’un tout autre sens les relations humaines tissées dans la nouvelle.
N.N.

1 commentaire:

Troisième Epicure a dit…

Et moi là-dedans ? demanderait Bernardo. Même si j’ai lu Le tapis rouge d’une traite, je ne me vois pas en train d’écrire un recueil qui se passerait à Téhéran. Mieux ou pire encore, dans la communauté arménienne de Téhéran. Pourtant, j’en aurais des choses à dire, sur la violence justement, et la façon dont une communauté la régule, en l’orientant vers tout ce qui lui est étranger afin de la bannir entre ses membres. Alors, face à cela, comme dans La tapis rouge, il y a ceux qui respectent la règle, ceux qui croient la transgresser mais s’y soumettent, ceux qui s’en libèrent sans s’en rendre compte... Peut-être que si je vivais encore là-bas, je l’écrirais ce recueil. Mais peut-être aussi que ce n’est pas parce qu’on ne parle pas directement d’un sujet qu’il n’est pas très présent.
N. N.