25.4.06

Avec préméditation

James Ellroy, My Dark Places; Vintage Books, 1997


« Un pauvre samedi soir t’as abattue. Tu es morte stupidement et rudement […] Tu m’as caché pour que je te porte chance. Je n’ai pas réussi à être ton talisman – alors je me tiens maintenant comme ton témoin. Ta mort définit ma vie.[…] Je veux te donner un souffle. »
Premières mesures, « My Dark Places » («Mes Coins sombres»), sous titré Mémoires d’un crime à Los Angeles.
« 10h10, Dimanche, 22/06/58. Cadavre au coin de King’s Row et de Tyler Avenue, El Monte »
« Des enfants la trouvèrent. […] Elle était allongée sur le dos – dans une flaque de lierre à quelques mètres du virage sur King’s Row. »
La mère de l’auteur, « la Rousse ». L’auteur est « le garçon ». Le garçon a 10 ans, revient d’un week-end passé chez son père. La Rousse a été étranglée.
« Mon grand fantasme était le CRIME. Mon grand héros était moi-même, transformé. Je maîtrisais impeccablement les techniques de tir, le judo et plusieurs instruments de musique en quelques secondes. J’étais un détective – et tout à fait par hasard un virtuose au violon et au piano. Je sauvais le Dahlia Noir. […] Mes fantasmes étaient richement anachroniques. »

Les lieux finalement prennent la place des personnes, ils se succèdent ou sautent les uns par-dessus les autres, parcs, avenues, commissariats, prisons, clubs, école, armée, le plus souvent Los Angeles ou alentours, à commencer par El Monte, noir comme une feuille de lierre. Les lieux ont des noms comme les personnes, ils sont plus facilement reconnaissables, les lieux sont des cris. Mémoires d’un crime de Los Angeles ou par Los Angeles.

Personne.

« Je savais une chose. Je ne savais pas qui avait tué ma mère. Je savais comment elle était arrivée dans King's Row. »

« Je ne voulais pas que ça finisse. Je ne laisserai pas ça finir. […] J’étais un détective sans statut officiel et sans règles pour me restreindre. Je pouvais considérer les implications et les rumeurs et les tenir pour des faits. Je pouvais parcourir sa vie à ma propre vitesse mentale. »

Une personne.

« Je suis avec toi maintenant. Tu a fui et tu t’es cachée et je t’ai trouvée. […] Tu as gagné ma dévotion. Il a fallu pour cela que tu t’exposes publiquement. […] Je réécrirai ton histoire et je réviserai mes jugements à mesure que tes secrets éclateront. Je dirai que je fais tout ceci au nom de la vie obsessive que tu m’as donnée. »

Dernières mesures. Tout est prêt.

« L’enquête continue. Toute information sur cette affaire peut être adressé au Détective Stoner, numéro gratuit, […], adresse mail […]»


ibarat

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