Pablo Neruda
Si seulement tu touchais mon cœur,si seulement tu posais ta bouche sur mon cœur,
ta bouche fine, tes dents,
si, telle une flèche rouge, tu posais ta langue
là où mon cœur poussiéreux martèle,
si tu soufflais dans mon cœur, près de la mer, en pleurs,
on entendrait un bruit sombre, un roulement de train engourdi,
un froissement d’eaux troubles,
comme l’automne en feuilles,
comme le sang,
une explosion de flammes humides embrasant le ciel,
le rêve d’un rêve, hanté de branches ou de pluies,
ou de sirènes de port en deuil,
si tu soufflais dans mon cœur près de la mer,
comme un fantôme livide,
au bord des vagues,
à la croisée des vents,
comme un fantôme déchaîné, près de la mer, en pleurs,
comme une absence prolongée ou un tintement subit.
Sous le cœur, c’est la mer qui bat,
lorsqu’il pleut, sur la côte dépeuplée, à la tombée du jour :
la nuit tombe sans doute,
et son bleu sinistre d’étendard
se troue de planètes éraillées.
Traduction Bernardo Toro
1 commentaire:
Le Couffon Nouveau est arrivé!!!!!!!!!
Dramatique parfois, silensieuse par moment, un battement taraudé d´agonie... nous ne saurons jamais
si râles ou gémissements précédent
la course...
Très belle traduction Mister Bernd,
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